Mon écharpe de soie

    En décembre dernier, j’ai reçu pour mon anniversaire une écharpe de soie à laquelle je tiens beaucoup.

   En ouvrant le paquet cadeau, j’ai tout de suite admiré les impressions de fleurs exotiques, dispersées sur des feuillages inconnus de nos régions. Les tons pastel du vert tendre au mauve léger montrent l’exquise délicatesse de sa composition.

    Mon premier geste fut de la déployer pour la poser sur mes épaules. Le contact de la soie sur la peau est une sensation étrange : contrairement au coton qui se pose et s’oublie, la soie, mélange de résistance et de douceur, à chaque mouvement, rappelle par un léger crissement sa luxueuse présence.Et pourtant, sa texture lisse et brillante appelle la caresse. C’est un réel plaisir de passer doucement la main sur cette écharpe, celui que l’on éprouve en touchant la peau d’un nouveau-né, si douce et si fragile.

    Je n’ai pu m’empêcher d’enrouler mon écharpe longue et étroite plusieurs fois autour de mon cou et d’enfouir mon nez au milieu de ses replis soyeux. Mais je n’ai senti ce jour-là que l’odeur de neuf, banale et éphémère. Actuellement, elle s’est imprégnée du parfum poivré et floral de mon eau de toilette, ce qui fait d’elle non pas une écharpe mais mon écharpe, car elle emporte une partie de moi partout où elle se trouve, même dans mon armoire.

    Depuis, chaque fois que je choisis de la porter, je me sens plus jolie.La robe la plus simple est ensoleillée par cet accessoire venu d’ailleurs et son contact déclenche en moi la rêverie. Je me vois princesse chinoise au milieu de jardins fleuris peuplés d’oiseaux aux couleurs chatoyantes ou bien je me trouve transportée au milieu des forêts de mûriers où les vers à soie meurent ébouillantés pour nous offrir leur fil inimitable. Ou encore, je me sens perdue dans les boutiques de Shanghai sous des flots de tissus brillants aux dessins d’une infinie variété.

    Plus qu’un cadeau d’anniversaire ou qu’un accessoire de mode, cette écharpe de soie est devenue un élément de mon habillement qui fait partie intime de moi-même, si bien que lorsque je ne la porte pas, il me semble que ma tenue n’est pas complète.Parfois, mes amis me disent : “Elle est belle, ton écharpe. Mais si tu la portes trop souvent, on va finir par croire que tu n’as rien d’autre à te mettre !”.

    Alors je souris et je ne réponds rien, gardant pour moi la magie intérieure que me procure cet objet, et lissant avec les doigts mon écharpe de soie, je me prends à rêver…

Papotage d’automne

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